Choniques d`Arkadia

Lien religions et ascendants

Elimbath

Elimbath est le saint patron des voleurs, des mendiants, des lépreux, des prostituées et des orphelins. Il incarne la ruse des opprimés, la survie des exclus et la justice inversée des bas-fonds. Pour lui, il est naturel que les pauvres reprennent aux puissants ce qui leur a été volé par le jeu injuste de la naissance et du privilège.

Vénéré dans les ruelles sombres, dans les fosses infernales où meurent les esclaves et les arrière-cours des grandes cités, Elimbath est un protecteur discret, un guide invisible pour les marginaux et les oubliés. Là où les dieux officiels ne posent plus le regard, Elimbath veille dans l’ombre.

Il est souvent représenté sous les traits d’un vieil homme borgne, vêtu de haillons, appuyé sur une canne noueuse. Mais certains disent l’avoir vu sous des formes plus jeunes, ou plus féminines — car Elimbath est un masque parmi d’autres dans le théâtre du monde.


Culte

Le culte d’Elimbath fleurit dans l’ombre, principalement dans les cités, et s’organise autour de fraternités clandestines, de guildes criminelles et de cercles informels. Les adeptes se reconnaissent par des signes discrets — un bijou inversé, un mot de passe dans une chanson populaire — et n’acceptent de nouveaux membres que par cooptation et serment silencieux.

Il est rare, voire impossible, de connaître l’identité des figures influentes du culte sans être né dans les bas-quartiers dont ils sont issus. Les autorités urbaines, bien que conscientes de son existence, échouent régulièrement à le démanteler. Le culte sait se faire discret, fluide, insaisissable.

Les sanctuaires d’Elimbath sont modestes, parfois dissimulés dans les sous-sols d’un bordel, derrière un four de boulanger ou sous la tente d'un esclave. On y vient pour prier en silence, partager un repas chaud, trouver un complice ou recevoir un contrat. Les prêtres d’Elimbath ne prêchent pas : ils écoutent, arbitrent, et consolident les équilibres fragiles entre gangs, contrebandiers et assassins.

Le culte ne cherche pas la lumière ni le chaos. Il préserve l’ordre souterrain qui maintient en vie ceux que la surface a rejetés. Son but n’est pas de régner, mais de survivre avec dignité là où nul dieu n’entend plus les prières.


Origine légendaire

Selon les récits anciens, Elimbath est un homme au destin brisé, né dans la crasse d’un quartier misérable, sans nom ni famille. Il vécut comme mendiant, voleur, portefaix, esclave, puis mendiant à nouveau. À chaque étape, il connut l’humiliation, la faim, le froid, la solitude, et l’indifférence des puissants. Un jour, alors qu’il n’était plus qu’un corps famélique couché dans la boue, la déesse Aephanis elle même descendit vers lui. Non pour le sauver, mais pour lui proposer une épreuve :

“Prends sur toi toutes les misères des hommes. Endure-les sans haine, sans orgueil, sans fuir. Et peut-être, un jour, tu deviendras ce que les dieux n’osent plus être : la pitié incarnée.”

Elimbath accepta. Il vécut mille vies de souffrance en une seule. Il fut lépreux, enfant prostitué, esclave aveugle dans les mines. Il endura sans se plaindre, protégeant ceux qui souffraient plus encore que lui. Chaque larme qu’il versa devint offrande. Chaque injustice subie grava en lui la connaissance du cœur humain.

À sa mort, on dit que nul dieu ne réclama son âme, car tous en furent honteux. Alors les Plans eux-mêmes se penchèrent sur lui, et lui ouvrirent un chemin. C’est ainsi qu’il devint Ascendant, non par sa puissance ou son savoir, mais par abnégation totale, par empathie infinie, par sacrifice silencieux. Depuis, il veille sur les exclus comme un frère, un égal, un refuge invisible pour ceux que le monde refuse de voir.


Galerie